Pouvoirs magiques

Per Nyström (violoncelle), régent débonnaire et bienveillant, lui a confié pour la soirée, ainsi qu'à Jesus Reina (alto), ses pouvoirs, dont certains s'avèreront magiques. Nul ne doute à cet instant qu'ils en feront bon usage, et cela se vérifie dès l'ouverture du concert, avec J.S. Bach et W.A. Mozart, bien sûr, magiciens de génie. Préludes pour trio à cordes doux et tendres et comme emplis de la sérénité apaisée de la Cour d'Honneur de l'Abbaye.

De la sérénité à la grâce, et de celle-ci à la virtuosité, Ryoko et Jesus ont pris le chemin le plus court. Les Fugues deviennent aériennes, s'envolent avec les partitions, se posent un instant et s'éloignent à nouveau. L'été est revenu. Les hirondelles étonnées ont suspendu un instant leur vol. Pouvoirs magiques de la musique.

Une seconde d'inattention et Per Nyström s'est effacé …. Encore un tour de magie de Ryoko. Le duo prend le relais, Grand Duo pour violon et alto en mi mineur (1808), œuvre de Louis Spohr (1784-1859) rarement joué, et la danse reprend de plus belle, tantôt empreinte de gravité, tantôt légère.

Pour le final (Divertimento en mi bémol majeur, K. 563), Per est réapparu, Mozart se joint à nouveau au trio et Ryoko et Jesus ont échangé leurs instruments. Les hirondelles, des fidèles du Festival, sont entrées dans la ronde. Au rendez-vous chaque année quoique indifférentes à la programmation, semble-t-il, elles sont néanmoins soucieuses d'en saisir au vol l'énergie et la beauté. Pouvoirs magiques, disions-nous.